La semaine dernière nous avons eu le rendez-vous trimestriel qui tient lieu de "bulletin": l'évaluation trimestrielle. La réforme du système scolaire locale a remplacé le bulletin par un bilan qui se traduit par un rendez-vous entre l'instituteur et les parents pour parler des acquisitions de l'enfant sur base de socles. Même en "maternelle" les enfants sont évalués, mais de façon positive. Je mets des guillemets à maternelle parce que finalement dans le système scolaire locale, ces 2 années de préscolaire font partie intégrante du cycle scolaire fondamental (du primaire donc). Au cours de ces 2 années préscolaires, les enfants ont des objectifs à atteindre, ces objectifs sont des socles: langage, mathématiques, attitude, créativité font partie des 6 socles. Chaque trimestre donc l'instituteur rencontre les parents pour remplir ensemble le bilan et évaluer ce qui est acqui et ce qui doit être amélioré.
Le point fort de cette évaluation est qu'elle est individuelle. L'enfant n'est pas jugé par rapport au niveau de sa classe mais par rapport à ses capacités propres. L'instituteur n'évalue pas l'enfant par rapport aux autres, ce qui est, à mon sens, le meilleur moyen pour ne pas encourager les élèves dits fort à l'effort, mais par rapport à ses capacités, à ce que lui-même est capable d'apprendre, de produire. Un petit zèbre ne sera donc pas démotivé et découragé dans ses apprentissages parce qu'à aucun moment on ne lui dira "tu es fort" mais "c'est très bien, mais je crois que tu es capable d'améliorer ce que tu viens de faire". Cette évaluation individuelle mène tout naturellement à une éducation différenciée.
Mais c'est quoi l'éducation différenciée? c'est s'adapter au niveau de chaque enfant, lui permettre d'apprendre à son rythme et selon ses besoins. Dans le système scolaire local, des heures d'appui et de soutien sont prévues et pas seulement pour les élèves plus lents ou avec un peu moins de facilité d'apprentissage... chacun peut bénéficier de ces heures d'appui/soutien, d'ailleurs presque tous les enfants de la classe de ma libellule profitent de 30 à 60min d'appui chaque semaine... pour y faire quoi? approfondir, stimuler, donner le goût, encourager dans l'effort et valoriser les enfants. L'appui n'est donc pas perçu de façon négative, puisque tout le monde y a le droit et en bénéficie, c'est un moment privilégié avec l'instituteur ou avec un membre de l'équipe pédagogique (psychomotricité, langue, logopède).
Ce week-end j'avais de la lecture... la brochure détaillant les 6 socles et je réalisais qu'à ne rien faire de la journée comme le laisse sous-entendre ma grande libellule ("t'as fait quoi aujourd'hui à l'école ma chérie?" ".... bah rien") les enfants apprenent beaucoup et ont des objectifs plutôt élevés comme maîtriser la langue luxembourgeoise (sachant que généralement 50% des enfants des écoles ne sont pas issus de familles luxembourgeoises), maîtriser un niveau de conversation courante en allemand (l'apprentissage de la lecture en 2e cycle (donc en CP) se fera en allemand), jouer avec les chiffres de 0 à 20 (addition/soustraction), être capable de raconter une suite chronologique d'événements (une histoire fictive ou un fait réel comme les vacances ou une excursion). Globalement la plupart des enfants qui terminent leur cycle préscolaire sont bilingues et commencent à apprivoiser une 3e langue... ça laisse songeur!
Nous appréhendions la scolarisation de notre petit zèbre, le rouleau compresseur de l'école française ne nous avait pas laissé indemnes... et finalement c'est avec grand plaisir que nous découvrons la l'école fondamentale luxembourgeoise, une école qui devrait être la même dans tous les pays... pour que tous les enfant puissent avoir les mêmes chances de grandir...