L'identité, quand on est une famille expatriée, est un sujet assez récurent.
L'identité, quand on est 3e génération d'immigrés, c'est un sujet qui est présent très souvent.
L'identité, quand on a bientôt 5 ans, que l'on vit dans un pays qui n'est pas celui où sont nés ses parents, que l'on va à l'école avec des enfants issus de 28 nationalités, que l'on parle la langue du pays où l'on vit mais qui n'est pas la langue maternelle de ses parents, c'est un sujet intriguant.
L'identité, quand on a bientôt 5 ans, que l'on a encore une vision du monde relativement réduite, que l'on est encore bien naïve sur l'humain et que l'on pense que tout le monde est aussi gentil que papa et maman, c'est difficile à comprendre.
L'identité, ce n'est pas tant les papiers, c'est ce que l'on ressent dans son coeur. Qui je suis et d'où je viens.
L'identité, c'est savoir d'où l'on vient et savoir s'intégrer où l'on est.
Parce que tôt ou tard nous sommes chacun à tour de rôle un étranger quelque part... qui n'a jamais vécu cette drôle de sensation d'être un étranger en entrant dans le petit supermarché d'un petit village parce qu'il faut aller chercher une bouteille d'eau ou de quoi nourir son bébé....
Parce que personne ne peut dire qu'il ne sera jamais un étranger nulle part. Parce que personne ne peut garantir des origines 100% nationale. Parce que personne n'a le droit d'estimer que sa nationalité a plus de valeur qu'une autre. Parce que jamais la faute ne peut être mise sur le dos d'un étranger, puisque des étrangers nous sommes tous et que si faute il y a, elle n'est certainement pas celle de celui à qui on donne et puis on reprend. Parce qu'il est aisé de reporter ses fautes sur plus petit que soi quand on se prélasse dans son or. Pour toutes ses raisons... mon coeur saigne...
En ces temps de propagande en faveur de la haine raciale, mon quart de sang d'immigré prend le dessus.
En ces temps de manipulation contre plus petits que soi pour se prélasser dans son or, je découvre que c'est le sang italien immigré en france qui prend le contrôle de mes émotions.
En ces temps qui rappellent d'autres temps pas si éloignées, quand on parle d'immigrés, je me sens visée.
et je n'aime pas cette sensation,
et je me dis que ma situation est à des années lumières
de celle des populations ciblées
et j'ai peur
pour ce pays dans lequel je suis née
qui est encore le mien sur mes papiers
mais dans lequel j'ai de plus en plus de mal à me reconnaître.
si ma double nationalité était possible, je dirais,
Zebulle, Charentaise/Européenne,
enfin pour être exacte ce serait plutôt
Zebulle est Saintgeorgeaise/Européenne.