(en préparation depuis des mois... il semble que le grain de sable qui enrayait la machine soit tombé, l'envie d'écrire est revenue! billet réflexion personnelle qui n'engage que moi.)
avant, je pensais qu'il était de mon devoir de citoyen de la terre responsable de me renseigner sur tout avant de prendre mes décisions du quotidien. avant, je m'étais enfermée dans une tour de convictions et je ne vivais plus.
avant, je ne laissais aucune place aux grandes marques dans mon quotidien, je n'entrais pas dans les boutiques "normales", je cassais les pieds à tout le monde avec un discours moralisateur sur les enjeux de leurs gestes. avant, le simple fait de sortir boire un verre ou d'aller dîner avec des amis se transformait en cauchemard, pour moi, pour eux et pour le personnel. impossible de choisir mon plat sans avoir questionné le serveur sur l'origine de la viande, puis me demander si en prenant les conditions d'abbatement des bêtes je devrais plutôt choisir la volaile ou la viande rouge, mais il aurait aussi fallu savoir par quel moyen de transport les légumes avaient été transportés et si ce sont des légumes de saison, et monsieur, êtes vous bien certain que la menthe de mon mojito soit produite de façon équitable et comment ça l'avocat du guacamole provient d'israel, mais je ne veux pas cautionner le conflit moi..... insupportable j'avais pris soin d'expliquer en long et en large à mes proches que le bb à venir ne se salirait pas les doigts sur des jouets en plastique lumineux voir bruyant, j'ai vexé des amis en leur demandant de faire un don à une association caritative plutôt que de faire un cadeau inutile à ma fille, j'ai cassé les pieds à tout le monde pensant être dans mon devoir de les informer sur les enjeux de leurs gestes. je m'étais transformée en cauchemard, pensant bien faire en plus!
je me suis sur-informée sur les vaccins, la péridurale et le lait maternisé. tellement informée que mes convictions d'alors se sont renforcées jusqu'au jour où est arrivé zebulline, mon bb-révolution, dans ma vie.
je souhaitais accueillir ce bébé le plus naturellement possible. ce qui fut fait. seulement, j'étais tellement convaincante dans mon discours que lorsque la douleur devient plus qu'insupportable, on ne m'apporta pas la fameuse piqûre qui soulage les mamans qui donnent la vie. et j'ai souffert, beaucoup même.
sur le moment j'étais très en colère, contre moi et contre les autres. on n'avait quand même pas pu me laisser souffrir autant, oui, mais, j'avais été prise à mon propre jeu.
puis, ce qui semblait être le plus naturel pour nourir mon bébé et qui avait bien fonctionné pour ma 1ère fille s'est vite transformé en horrible souffrance les premiers jours puis en calvaire par la suite. jamais je n'ai prôné l'allaitement long mais ma zebulline m'a tenu 8 mois. 8 mois sans dormir, 8 mois à la nourir. une expérience qui au final m'aura fait naître avec elle.
j'ai appris à me raisonner!
aujourd'hui, je vis! sisi! je dis "je vis" parce que je sais, je suis informée et j'agis en conséquence et parfois je ne me pose pas de questions. je ne juge plus mes cocitoyen comme irresponsables, je les laisse vivre à leur guise. je n'essaye plus de convaincre autours de moi, je respire. je suis même d'accord pour que ma grande ressemble un peu, beaucoup, aux petites filles de son âge, et quand je la vois fière de porter son petit chat blanc préféré, quand je la vois si heureuse d'aller à l'école et pouvoir comparer ses accessoires de petite fille, je me dis que j'ai fais le bon choix. parce qu'à 4 ans, on se construit pour la vie, on apprend à vivre avec les autres, on apprend à vivre dans le monde et dans la société. à 4 ans on a besoin de se sentir comme tout le monde, de se sentir fort d'appartenir à un groupe. quand je la vois courir pour aller à l'école, tellement heureuse et fière de son nouveau truc princesse, je me dis, que la clef, elle se trouve là.
là? oui là. en tant que parent, ma responsabilité n'est pas de la différencier dès le plus jeune âge pour qu'elle ne soit pas formatée, passée au moule, non, ma responsabilité est de lui donner les meilleurs armes pour devenir adulte et être un adulte bien dans ses baskets, c'est aussi savoir que l'on est un individu digne d'appartenir au groupe, ou plutôt à un groupe. alors aujourd'hui, elle appartient au groupe des petites filles de 4 ans qui vont à l'école avec des trucs roses et fantaisie, mon rôle est de lui apprendre que le jour où l'on aura mangé toute la planète, on aura plus rien et donc, que tout doit se faire dans la juste mesure, le juste milieu, qu'il faut évaluer sa responsabilité dans ses choix mais que l'on a aussi le droit d'être heureux et de vivre, avec les autres.